Election et numérique

Election et numérique

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J’ai écrit récemment plusieurs billets sur l’importance du digital dans la guerre en Ukraine. Mais le digital est en train de prendre de l’importance dans une autre bataille : le choix de notre prochain(e) président(e). D’ailleurs certains liens peuvent aussi exister entre l’affrontement des deux gros blocs en Ukraine et certaines tentatives de déstabilisation sur notre territoire. Comme ce blog traite de management mais aussi de digital, petite synthèse de ce que l’on peut dire de cette campagne 2022.

Attirer et séduire

Jean Luc Mélenchon avait déjà étonné en 2017 avec ses hologrammes. Il a innové de nouveau cettte année avec son meeting de Nantes, voulu immersif, avec des images à 360° et même la diffusion de parfums.

L’équipe d’Emmanuel Macron vient de mettre en ligne le premier serveur Minecraft dédié à une campagne électorale. Pas juste une façade puisque l’on peut même entrer dans la mairie et vérifier sur le site du Ministère de l’Intérieur son inscription sur les listes électorales. Certains regrettent que les rues soient un peu vides et peuplées surtout de PNJ (Personnage Non Joueur…). En 2007, trois candidat(e)s avaient déjà fait campagne sur Second Life et cela avait marché pour l’un d’entre eux !

Évidemment chaque candidat déroule avec plus ou moins de puissance des séries d’emailing et des campagnes sur les réseaux sociaux. Le nerf de la guerre reste plus que jamais la capacité à entrer en contact rapidement avec des centaines de milliers ou des millions de personnes. J’ai vu pas mal de joutes écrites sur twitter, dérapant souvent plutôt à cause des militants trop motivés que des pilotes officiels. Mais en dehors de cela je suis assez surpris du respect de la RGPD. Sur mes nombreuses adresses je reçois chaque jour des messages m’alertant sur le piratage de mon compte dans des banques dont je ne suis pas client mais aucun mail « non sollicité » d’un des 12 candidats !

Les programmes

Sur les programmes des candidats, le numérique occupe rarement une place importante. Il semble tous s’accorder pour juger que le DMA est une avancée intéressante pour se protéger contre les GAFAMS et autres prédateurs.

Rien de vraiment révolutionnaire dans les propositions des candidats dont Le Monde propose une synthèse. Chacun rêve de souveraineté numérique et la doctrine de « cloud de confiance » prônée par notre Président est souvent critiquée. On peut toujours rêver, comme la France Insoumise, d’un cloud uniquement français, basé sur des logiciels libres. Mais cela me semble aussi irréaliste que de viser une énergie zéro carbone tout en arrêtant le nucléaire. De nombreuses propositions aussi pour réserver les contrats à des sociétés françaises ou européennes, qu’il s’agisse de contrats de développements informatiques ou de processus faisant appel à des solutions informatiques, telles que la logistique et les plate-formes de livraisons. Mais les grands groupes informatiques n’ont ils pas déjà tous des développeurs aux 4 coins de la planète ? Il suffit de regarder les efforts déployés par Cap Gemini pour protéger ses 1.500 salariés ukrainiens pour s’en convaincre.

Les élections et les fake news

Comme le rappelle ce graphe réalisé par les experts wavestone / siècle digital, les actions pour tenter d’orienter les élections commencent plusieurs mois à l’avance mais s’accélèrent dans la dernière ligne droite.

Graphique issu du rapport de Wavestone et France Digitale « Présidentielle 2022 et cybersécurité ».

En 2017, les macron-leaks, qui avaient rendu publics des centaines d’échanges de mails entre les proches pilotant la campagne d’En Marche n’avaient finalement eu que peu d’influence sur les votes. Certains responsables de la campagne s’étaient montrés particulièrement imprudents en cliquant sur des pièces jointes d’origine douteuse, mais l’ultra droite américaine n’avait pas réussi à perturber le cours de la campagne. C’est en tout cas ce que la CNCCEP avait conclu.

Idem pour l’annonce du compte bancaire caché d’Emmanuel Macron aux Bahamas, que Marine Le Pen avait même cité lors du dernier débat avant le second tour, alors qu’il s’agissait d’une simple rumeur relayée par les réseaux sociaux.

On peut donc supposer que, cette année encore, le pire reste à venir et surviendra probablement au dernier moment. Les experts de proofpoint attirent notre attention sur de curieuses intrusions qui n’ont pour le moment pas débouché sur grand chose mais pourraient présager une attaque de grande ampleur dans quelques jours.

Les gredins comptent sur l’effet de surprise et vont laisser peu de temps aux attaqués pour dénoncer les fakesnews. Heureusement le 10 avril est suffisamment loin de la date du 1er avril pour éviter les confusions….

La perturbation du vote proprement dit semble peu probable. Paradoxalement, les experts en cybersécurité comme Gérôme Billois estiment les risques faibles parce que processus électoral reste chez nous faiblement numérisé : les bulletins sont en papier et les comptages manuels. La France a donc peu de chance de se retrouver dans la même situation que la Floride en 2018.

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