Guerre et digital

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Guerre et digital

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Comment aurais-je pu me douter il y a quelques semaines en écrivant un billet sur internet « arme de guerre » qu’une guerre aller vraiment éclater, aux frontières de l’Europe, et qu’elle ne se limiterait hélas pas à Internet….

Une guerre met en présence de vrais chefs de guerre, qui savent manager et motiver leurs troupes. Mais comme LEDIAG se préoccupe aussi du digital, voici une synthèse de l’importance que le numérique prend dans plusieurs dimensions de ce conflit.

Les satellites

L’attaque sur un des satellites ViaSat, le 24 février, imputée par différentes sources à la Russie, serait sans doute passée inaperçue en Europe de l’Ouest si elle n’avait pas impacté aussi certains de nos services. Ainsi de nombreux abonnés de NordNet en France se sont retrouvés privés d’accès internet. Le même satellite était utilisé par les forces armées ukrainiennes mais aussi pour piloter quelques milliers d’éoliennes en Allemagne qui sont passées depuis en pilote automatique.

Crédits : rawpixel.com / NASA (Source)

L’Ukraine a appelé au secours Elon Musk qui a réagi assez vite en positionnant ses satellites StarLink afin d’alimenter le territoire ukrainien en accès internet même dans le cas où les forces russes détruiraient l’ensemble des accès terrestres. Les antennes satellites nécessaires sont aussi arrivées sur place pour capter les flux venant de l’espace. Mais notre milliardaire s’alarme maintenant des risques que ces antennes feraient couvrir aux populations civiles alentour. Les forces russes sont effectivement capables de détecter les flux d’informations échangées avec les satellites et donc de viser les antennes les recevant afin de les détruire.

Les attaques de sites internet et de médias

Les premières informations concernaient l’attaque de sites internet et systèmes informatiques ukrainiens avant le début de l’offensive terrestre. Un nouveau wiper en particulier avait été détecté. Un truc pas vraiment très gentil qui efface tout simplement les fichiers des ordinateurs qu’il infecte.

Mais depuis, la contre offensive s’est mise en place. Les anonymous en particulier ont décidé de cibler la Russie. Ils ont réussi à prendre le contrôle momentanée de certains sites gouvernementaux et même de chaînes de télévision comme on peut le voir sur ce tweet.

La guerre de l’information

La guerre de l’information, des fake news et de la censure est bien là aussi. En Russie, depuis le 4 mars, émettre de « fausses informations » sur « l’opération militaire spéciale » que la Russie mène en Ukraine est maintenant passible de prison. Un grand nombre de personnes travaillant dans les médias indépendants ont préféré jeter l’éponge. Les russes n’ont plus accès à Facebook et rencontrent des difficultés croissantes pour accéder à des sources d’informations non officielles et non contrôlées par le ministère de la défense.

En France les services spécialisés s’efforcent de contrer les fake news, en particulier celles qui risqueraient d’influencer le choix des citoyens dans l’élection présidentielle à venir. L’Europe de l’Ouest a fait le choix de bloquer la chaîne RT et Sputnik considéré trop proche du pouvoir russe.

Cela va devenir très difficile d’être certain de la véracité de l’information que l’on est en train de consulter. Les deux camps prenant, à des degrés variables, quelques libertés avec le traitement de l’information comme l’illustre cette page du journal Le Monde.

Les travailleurs du digital

L’Ukraine est reconnue comme un terrain fertile en compétences numériques, avec des coûts du travail deux à trois fois moins élevés qu’en Europe de l’Ouest.

Que ce soit chez Ubisoft, Gameloft, CapGemini ou Téléperformance, les DRH sont sur le pont pour sortir du bourbier, des centaines voire des milliers de salariés en fonction des cas. Aide matérielle, positions de repli vers la Pologne, paiement en avance des salaires pour le cas où les systèmes bancaires ne permettraient plus de transfert d’argent… Pas certain que les formations des DRH concernés les aient préparés à gérer de telles situations de crise !

Mon premier livre, « les enquêtes en entreprise », est sorti en 2007. Internet y occupait bien sûr une place importante, en tant que support d’enquêtes. J’avais pris la liberté d’aborder dans la conclusion la place que ce réseau allait prendre, y compris lors des conflits, pour l’échange d’informations. A l’époque les relations étaient très tendues entre Israël et le Liban. Et pour la première fois les habitants des deux pays pouvaient prendre conscience, via Internet, des réactions des populations des pays ennemis aux tirs et bombardements de leur propre armée. J’étais très loin de m’imaginer que cela prendrait une telle ampleur, 15 ans plus tard !

Avec le Metaverse, Zuckenberg nous promet une nouvelle révolution, une plongée dans le pur virtuel. Pas certain hélas que cela puisse éviter dans les futurs conflits de voir les immeubles s’écrouler et le sang couler.

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