07 Sep Les chimpanzés et le télétravail
Vous avez certainement déjà entendu parler du théorème du singe savant : mis devant une machine à écrire, le singe frappant au hasard sur les touches, finit par produire du Shakespeare, à condition de pouvoir frapper pendant un temps quasi infini. Difficile de savoir si Emile Borel s’est inspiré ou pas d’une citation de Thomas Henry Huxley. Les curieux pourront réviser leurs statistiques et vérifier que la probabilité que le singe ne tape jamais « banane » est bien de 0. Mais c’est sur d’autres sujets que nous vous proposons d’échanger ici, après la lecture du dernier livre de Pascal PICQ : les chimpanzés et le télétravail (Edition Eyrolles).
Macaque ou chimpanzé ?
Les différentes espèces de singes ont chacune leur manière de gérer leur communauté, les relations entre leurs membres. Les lecteurs assidus de Pascal PICQ connaissent bien la différence entre les macaques et les chimpanzés. Chez les macaques c’est le chef qui décide, la hiérarchie est primordiale, les écarts sanctionnés. Les chimpanzés sont beaucoup plus « cools » : la hiérarchie est moins prégnante, ils disposent de beaucoup plus de liberté d’action.
Vous imaginez aisément que les sociétés avec un management proche du fonctionnement des communautés de chimpanzés vont être beaucoup plus à l’aise pour gérer le télétravail, accepter la mise en place de nouveaux modes d’organisation. L’auteur nous engage donc à oublier les organisations « macaques » pour se rapprocher autant que possible de celles « chimpanzés ».
L’analyse des datas issues des +3.000 diagnostics management déjà réalisés avec LeDIAG , met en évidence l’importance de la souplesse dans la mise en place du télétravail. Cette infographie rappelle que les sociétés qui ont imposé le télétravail obtiennent des scores sensiblement plus faibles sur les 5 dimensions évaluées par le diagnostic. Une invitation claire à copier le fonctionnement des chimpanzés plutôt que celui des macaques dont le leader cherche toujours à imposer ses règles !
Fusion / fission
Non, les chimpanzés n’ont pas encore construit de centrale nucléaire. Ne comptez pas sur eux pour nous aider à domestiquer enfin la fusion nucléaire et copier la réaction à l’œuvre dans notre soleil bien aimé (qui risque, soit dit en passant, de perturber gravement le fonctionnement d’internet).
Pascal PICQ revient à plusieurs reprises sur ces notions de fusion / fission. Les chimpanzés ont la capacité de se réunir pour les besoins sociaux importants (fusion) ou se séparer, avancer en plus petits groupes, sur des tâches bien précises (fission). La fusion nécessite entre autres choses de l’empathie, de la solidarité envers les plus faibles, un partage équitable des ressources et une capacité à coopérer.
Il se trouve que ces concepts sont en partie abordés par le diagnostic interactif proposé par LeDIAG. Voici par exemple ce que l’on peut dire de la coopération. Tout d’abord, les avis ne sont pas les mêmes en fonction du niveau hiérarchique. Manifestement les dirigeants sont beaucoup plus optimistes sur les possibilités de coopération au sein de leur organisation (76%) que les collaborateurs (40%) pour lesquels les avis négatifs sont donc plus nombreux.
Les chiffres indiquent par contre une quasi égalité d’opinion lorsqu’il s’agit de l’entraide pour parvenir à dompter les nouveaux outils numériques. Entraide qui, nous rappelle Pascal PICQ, est importante pour être aussi efficace que les chimpanzés.
Un autre focus sur les capacités de coopération en fonction du type d’entité montrent que les établissements publics sont sensiblement en retard par rapport aux entreprises et aux associations.
Après la RSE, la RST
Pascal PICQ propose de compléter la notion de Responsabilité Sociétale des Entreprises par celle de Responsabilité Sociale Technologique.
Je suis totalement en phase avec ces précautions concernant aussi les aspects technologiques, trop souvent oubliés. C’est d’ailleurs une des raisons qui ont contribué à la création de notre diagnostic Management et Digital : il ne suffit pas d’ajouter de nouveaux logiciels pour qu’une organisation soit plus efficace. Le simple empilement des outils digitaux peut au contraire être source de dégradation du climat social et déboucher sur une sérieuse baisse de ses performances. Pour Pascal PICQ, les innovations se doivent être inclusives. Oui ! Il ne s’agit pas d’utiliser le télétravail juste pour faire baisser le budget immobilier et les charges sociales. Le changement des modalités de travail et l’introduction des technologies permettant de travailler à distance doivent se faire dans un état d’esprit RSE.
Pour rappel, vous disposez d’un excellent outil accessible en ligne pour réaliser le diagnostic RSE de votre organisation : Diag26000 va bientôt fêter ses 10 ans. Les porteurs de projets numériques disposent aussi d’un grille réalisée dans le cadre du projet KARIM piloté par l’Union Européenne afin de vérifier que l’innovation qu’ils projettent est bien responsable. Quant à la responsabilité Sociale Technologique, n’oubliez pas que LeDIAG vous propose aussi un diagnostic interactif !
« Les chimpanzés et le télétravail » explore d’autres éléments intéressants, comme l’épouillage et les différences de traitement entre les hommes et les femmes. Je vous laisse les découvrir en parcourant ce livre publié par les éditions Eyrolles.
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