13 Déc L’Entreprise Contributive
Une première soirée « entreprise contributive » était organisée par le journal Les Echos le 28 Novembre. Elle a permis de présenter l’étude réalisée par Prophil et Sparknews auprès des entreprises du SBF120 et de donner la parole à de nombreux acteurs engagés : Fabrice BONNIFET, Nicolas CHABANNE, Sandra DE BAILLIENCOURT, Geneviève FERONE-CREUZET, Amel HAMMOUDA, Jacques HUYBRECHTS, Pascal IMBERT, Flore JACHIMOWICZ, Claire NOUVIAN, Bertrand SWIDERSKI, Hélène VALADE. Des échanges parfois « turbulents », par exemple lorsque Claire NOUVIAN interpelle Bertrand SWIDERSKI sur la sincérité de la démarche Actfotfood de son groupe !
Le 11 décembre les responsables du master DD RSE de Dauphine organisaient une nouvelle rencontre sur ce même thème.
L’occasion pour Fabrice BONNIFET, responsable Développement Durable du groupe Bouygues et dirigeant engagé dans le C3D, de proposer une définition claire de l’entreprise contributive autour de 3 axes :
- viser à ne plus avoir que des externalités positives, se rapprocher d’une économie 100% circulaire
- aligner la stratégie sur des faits scientifiques, en particulier ceux qui décrivent la consommation des ressources naturelles
- adopter une gouvernance participative, s’engager vers des modèles de type « entreprise libérée »
Pour Fabrice, il faut vraiment changer de business modèle pour que les produits bios ou durables cessent d’être plus chers que les autres. Il faut attacher plus d’importance au capital immatériel, hélas, regrette-t-il «les financiers connaissent le prix de tout mais la valeur de rien » !
Blanche SEGRESTIN, de Mines ParisTech rappelle que la loi Pacte devrait permettre aux décideurs de se rapprocher de l’entreprise contributive. Il est important que le droit reconnaisse l’entreprise comme autre chose qu’une organisation permettant de générer des profits pour ses actionnaires et la notion d’entreprise à mission introduite dans la loi Pacte répond à cette lacune.
Elisabeth LAVILLE, d’UTOPIES, reste globalement pessimiste sur la possibilité de changement d’échelle à court terme. Elle reconnaît citer depuis longtemps maintenant les mêmes entreprises vertueuses, comme Patagonia, sans voir de réelles nouveautés percer. Elle ressent toutefois une certaine inflexion : il ne suffit plus de recycler une grande partie de ses produits pour faire partie des premiers de la classe, les attentes se situent au niveau de changement de business model : arrêter de distribuer ces déchets qui ne seront ainsi plus à recycler. Pratiquement toutes les entreprises ont de bonnes intentions, et voient le verre à moitié plein. Mais en face les ONG et les associations continuent à regarder cette même situation en voyant un verre à moitié vide. Même des courants puissants comme B CORP ont du mal à convaincre les dirigeants: seulement 2.600 entreprises séduites au niveau monde.
Ce chiffre de 2.600 organisations labellisées B Corp au niveau monde a donné lieu à un échange de tweets entre Elisabeth LAVILLE et l’auteur de cet article. Je me suis ainsi permis de signaler que, rien qu’en France, un outil de diagnostic comme diag26000.net avait déjà été utilisé par plus de 7.000 managers pour avoir une première vision RSE de leur organisation ! Evidemment l’association Diag26000 n’a ni les moyens ni les ambitions de B Corp. Mais l’on peut reprocher à des démarches très ambitieuses comme B Corp d’avoir un seuil d’entrée assez élevé. Remplir sérieusement le premier questionnaire B Corp représente des heures, voire des journées de travail en fonction de la taille de la structure. Il faut donc déjà être fermement convaincu pour se lancer dans une telle démarche. De mon point de vue, des outils de diagnostic plus légers comme diag26000.net, qui ne demandent que quelques minutes d’attention, peuvent constituer des marche pieds intéressants pour sensibiliser les sceptiques ou les peu convaincus, les amener progressivement vers une démarche plus ambitieuse et plus lourde à mettre en place. Les responsables du Label LUCIE l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils proposent depuis plusieurs années de commencer la démarche par une autoévaluation en ligne avec diag26000. Signalons aussi que l’association diag26000 a développé des fonctionnalités permettant de se rapprocher du 3ième axe de l’entreprise contributive décrit par Fabrice BONNIFET : la participation de l’ensemble des collaborateurs. Trop souvent les grilles d’audit ou de labellisation sont renseignées qu’une fois, par un dirigeant de l’organisation et les experts l’accompagnant. Diag26000 permet au contraire de réaliser rapidement une cartographie participative et travailler ensuite sur le plan d’action et les différences de perception entre les niveaux hiérarchiques.
Les étudiants du master DD RSE de Dauphine ont présenté 8 courtes vidéos résultats de l’analyse des stratégies et postures RSE de très grand comptes. Pas de powerpoint mais des vidéos très dynamiques, par exemple réalisées avec explee. Avec des remarques critiques sur la plupart des cas (le verre à moitié plein ou à moitié vide…). L’oreal et son packaging trop important, la BNP qui continue à financer des industries peu durables, Carrefour qui lance Actforfood, mais en France seulement..
Pour aller plus loin vous pouvez consulter le rapport sur l’enquête entreprise contributive auprès du SBF120 et le blog consacré à l’entreprise contributive.
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