Un ballon pour chacun ?

Un ballon pour chacun ?

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L’Euro a laissé place au Tour de France, puis maintenant aux Jeux Olympiques. Comme en plus beaucoup d’entre nous sont en télévacances, cela me semble le moment idéal pour faire le parallèle entre le sport et le management. Le fonctionnement des équipes de foot, bien connu de la plupart de nos concitoyens, est une bonne base de départ pour nos réflexions. Pour commencer, jetons un œil sur deux aspects communs : rémunérations et organisation.

Rémunérations


Pour la partie rémunérations, on retrouve à peu de choses prés les mêmes montants astronomiques pour les stars des équipes de foot et les patrons du CAC 40. Dans les deux univers nous sommes très loin du SMIC !

Mais les stars du foot complètent souvent leurs émoluments avec des contrats de sponsoring, multipliant les logos sur les maillots de leur équipe et les fonds devant lesquels ils s’expriment pendant leurs conférences de presse.

Evidemment vous avez deviné pourquoi les présidents du CAC 40 n’ont pas les mêmes possibilités d’arrondir leur fin de mois. Ils courent rarement pendant 90′ sur des pelouses avec des dizaines de millions de téléspectateurs en train de les admirer. Mais nous pourrions imaginer d’autres matchs avec d’autres règles du jeux : Engie contre Enedis, Orange contre Bouygues, BNP Parisbas contre Société Générale… Cela changerait de Kho-Lanta !

Organisation

Quand on parle de l’évolution des équipes de foot, les noms des joueurs stars circulent mais aussi ceux des sélectionneurs et des entraîneurs.

Le sélectionneur est chargé de choisir les meilleurs joueurs possibles pour défendre les couleurs de son pays. Tout le monde a entendu parler de Didier Deschamp mais comment se fait-il que nous ne connaissions pas le nom de la personne chargée de composer une équipe ministérielle ? Idem pour les dirigeants des grandes entreprises ou les membres de leur conseil d’administration. Danone par exemple est en train de remettre le sien à plat mais il est impossible de savoir qui va s’en charger. Les chasseurs de tête préfèrent sans doute travailler dans l’ombre…

Pour trouver l’équivalent des entraîneurs dans l’entreprise, il faut sans doute regarder du côté des coachs. Mais je ne suis pas certain que les coachs de nos cadres et dirigeants aient autant d’influence sur leur mode de vie que les entraîneurs sur celles des joueurs sous leur responsabilité.

Un ballon pour chacun ?

Au-delà de ces remarques sur ces éléments comparables (ou pas…) entre les deux univers, revenons sur le titre de ce billet et cette question un peu provocante : pourquoi ne donne-t-on pas un ballon à chaque joueur ?

pourquoi un seul ballon sur le terrain et plusieurs écrans en réunion ?

Comme le petit Nicolas qui joue avec ses copains dans le terrain vague, nous savons tous que dans un match de foot il n’y a qu’un seul ballon sur le terrain. C’est sans doute cela qui rend chaque match passionnant. Tout le monde, y compris l’arbitre, suit des yeux ce ballon, la façon dont il passe d’un joueur à l’autre. Chaque joueur ne pense plus qu’à cela, le contrôler, le renvoyer, le maîtriser, l’enfoncer dans les buts adverses.

dessin de couverture du livre « le petit nicolas fait du sport » Sempé/l’équipe/Imav

Alors pourquoi ne pas appliquer ce principe dans nos réunions ? Cela serait tellement plus logique de se concentrer tous sur le même écran. Pour partager une vision commune des idées en train de s’assembler, des stratégies qui se dessinent, le plus efficace reste évidemment d’avoir en face des yeux les mêmes éléments ! C’est un des principes de base que je défends dans mon livre sur les réunions assistées par informatique : sauf si vous avez choisi une méthode d’animation visant à donner à chaque participant un temps de réflexion personnel, choisissez de concentrer l’ensemble des regards sur ce qui est en train de se construire.

Cela peut sembler très naturel mais la réalité est souvent bien différente. Les banques d’images le prouvent : pratiquement toutes les photos proposées représentent des gens assis autour d’une table en train de regarder chacun leur écran. J’ai retrouvé d’ailleurs le même biais lors d’une formation récente pour aider une fédération à être plus efficace en travail collaboratif. L’une des responsables de service était devenue une experte de Trello mais organisait des réunions où elle demandait à chacune de ses collaboratrices de venir avec son propre ordinateur portable. Impossible en s’organisant ainsi d’être certain que chacun regarde bien précisément la même information. Ceci est à mon avis particulièrement contre-productif : pourquoi se réunir en présentiel si chacun visionne des éléments différents ? C’est là que la comparaison avec le football prend tout son sens. Imaginez un terrain sur lequel chaque joueur dispose de son propre ballon. En règle générale c’est ce qui se passe pendant l’entraînement (vous savez, quand le professeur arrive avec son filet rempli de ballons…) Chacun s’amuse à faire des dribbles, à simuler des passes. Mais il y a bien peu de buts marqués !

Attention : je suis en train de dénoncer la multiplication des écrans mais un match de foot sans ballon ne serait pas très amusant non plus. C’est à mon avis un autre des pièges à éviter. Prenons les exemples ou plutôt les contre exemples du Conseil des Ministres ou des débats à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Là encore les différentes photos fournies sont édifiantes. Elles nous montrent qu’il s’agit avant tout d’échanges oraux, voire de joutes verbales. Aucune possibilité de se projeter visuellement dans un futur commun. Est ce la meilleure façon de préparer ensemble l’avenir de notre nation ? Pas certain…

Entre un écran pour chaque participant ou aucun écran il existe bien sûr de nombreuses méthodes d’animation. Elles vous permettront de construire une vision commune, en utilisant un outil informatique adapté ou même des supports papiers. N’hésitez pas à prendre contact pour décrire votre problématique et échanger sur les solutions les mieux adaptées !

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