Intelligence collective : questionnaire et diversité

Intelligence collective : questionnaire et diversité

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L’Intelligence Artificielle est dans bien des discours en ce moment. Prenons le temps de parler d’une autre forme d’intelligence qui peut se cacher aussi derrière le sigle IA. Oublions quelques instants la façon dont les machines peuvent nous assister pour évoquer un cas particulier d’Intelligences Assemblées. Pour illustrer la puissance de l’intelligence collective par rapport à celle d’un expert isolé, je propose de se pencher sur un objet que vous connaissez sans doute : le questionnaire.

  • Beaucoup de questionnaires de type diagnostic sont créés par un expert solitaire ou son équipe rapprochée, centrée sur une approche et une formation initiale homogène. Un exemple typique est le fameux questionnaire de Karasek du nom de son créateur, basé sur une approche essentiellement psychologique et qui fait l’impasse sur d’autres facteurs de stress.
  • A l’opposé, il est possible de jouer la carte du travail en groupe, rassembler des personnes de diverses origines afin d’éviter qu’un prisme particulier déforme le contenu du futur questionnaire. C’est l’approche que choisit en général l’équipe de FORMITEL pour travailler sur les sujets complexes qui lui sont confiés. Pour fonder le nouveau Diagnostic Management une attention particulière a aussi été portée à l’âge des participants puisque l’outil se doit d’intégrer les attentes des générations milléniums : si certains experts avaient plus de 60 ans, d’autres n’avaient pas encore la trentaine.

Tentons maintenant d’évaluer la « puissance de l’expertise » contenu dans l’outil en fonction de l’approche retenue : effort solitaire ou travail en groupe. Comme je n’ai pas l’intention de remettre en cause le QI ou les compétences des experts travaillant en solitaire sur un questionnaire, limitons nous à la comparaison des heures de travail dédiées à la conception. Pour faciliter les calculs, basons nous sur un questionnaire de 50 questions.

  • Un expert seul va vite saturer après avoir passé une demi heure à peaufiner la formulation de chaque question. Nous avons donc un questionnaire qui représente environ 25 heures de travail, soit tout de même 3 jours pleins de l’expert dans sa tour d’ivoire.
  • La méthode de travail en groupe appuyée par les technologies de FORMITEL donne des résultats bien différents. Pour mettre au point le nouvel outil de diagnostic management, plus de 20 experts se sont réunis pour deux réunions de travail de 4 heures et plusieurs autres dizaines ont pris le temps de travailler sur la plate forme en ligne pendant plus d’une heure, entre les deux réunions de travail. Une rapide estimation de la puissance d’expertise concentrée dans ce questionnaire est donc de l’ordre de 250 heures ! Notons au passage que chaque expert n’y a consacré qu’environ une journée de son temps.

 

intelligence collective group power

 

Le bilan est donc sans appel : la puissance obtenue via le travail en groupe est environ 10 fois supérieure à celle du mode solitaire !

Soulignons que cette évaluation ne porte que sur le nombre d’heures de travail et fait l’impasse sur la diversité des approches alors que le thème de la diversité est aussi maintenant reconnu comme un facteur clé de la performance globale des organisations. Si les lecteurs ont d’autres propositions pour évaluer la « puissance » d’un questionnaire, je serai très heureux qu’ils les partagent dans le champ commentaire de ce billet !

Alertons tout de même sur le fait qu’il ne suffit pas de demander leur avis à un grand nombre d’experts pour aboutir à un questionnaire de qualité. La méthode d’animation est primordiale pour le succès du projet ! A titre d’illustration, la séance de créativité organisée pendant la première réunion de travail sur Diagnostic Management a permis de lister en 10 minutes plus de 180 idées ! Vous imaginez que nous aurions pas obtenu si facilement plus de 1.000 réponses spontanées à l’outil accessible en ligne s’il avait contenu 180 questions ! Il a fallut une certaine ténacité pour parvenir ensuite à formuler en groupe les 46 questions qui allaient représenter le plus efficacement l’ensemble de ces idées. Faute de s’y prendre correctement, l’on peut aboutir à de curieux objets. Je pense par exemple à ce grand cabinet spécialisé dans les risques psychosociaux qui avait été appelé au secours par notre opérateur téléphonique national afin de faire face à une inquiétante vague de suicides. Pour gagner du temps il avait semblé plus rapide de demander leur avis individuel à chacun des psychologues impliqués dans le projet. Le produit final fut un questionnaire de 153 questions. Administré à plus de 100.000 agents il engendra un gâchis de plusieurs milliers de journées hommes rien que pour le temps passé à répondre par rapport à un questionnaire optimisé.

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