Terrorisme, numérique et management

Terrorisme, numérique et management

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J’ai eu la chance de pouvoir participer la semaine dernière à 3 journées passionnantes. Mercredi, Wedemain organisait une journée sur Sécurité et Résilience au palais des congrès d’Issy les Moulineaux. Jeudi, la Chaire du Collège des Bernardins consacrée à l’humain au défi du numérique accueillait des chercheurs de l’INRIA et du CERNA pour parler d’éthique et numérique. Vendredi enfin, LUCIE fêtait les 10 ans de son label RSE au CNAM avec de nombreux invités.

Drôle d’idées de regrouper ces 3 journées d’échanges dans le même post me direz vous ? Une première raison bien sûr: la participation de l’auteur à ces 3 manifestations (vous pouvez d’ailleurs en retrouver les meilleurs moments sur son compte twitter @pablo_paris). Une seconde raison : ces 3 journées se penchent de différentes façons sur les problèmes de notre civilisation et les solutions pour que notre planète et ses habitants se portent mieux. Une troisième enfin, qui ressemble un peu à un défi : explorer les thèmes communs « management, confiance et numérique » qui sont revenus fréquemment dans les propos des orateurs. Une façon aussi de prendre du recul par rapport à l’analyse des premiers résultats de l’outil Diagnostic Management accessible sur ce site car il inclut justement Confiance et Digital parmi ses 5 axes (diagnostic toujours en accès libre : évaluer le management dans votre organisation )

Sécurité et résilience

Un message globalement positif, partagé par l’ensemble des experts de la journée WEDEMAIN : « non le terrorisme ne l’emportera pas sur la démocratie ». Des moments forts lorsque Christian ESTROSI compare le 14 juillet 2016 avec le bombardement de Nice en 1944 ou quand Boris CIRULNIK se désole d’avoir commencé sa vie avec le nazisme et de se préparer à la finir avec le terrorisme.

Mais les signaux d’alarme sont là. Par exemple lorsque Damien MARTINEZ s’inquiète sur le fait que notre société hyperindividualisée est bien mal préparée pour faire face aux risques collectifs. Le général PARRAIRE se demande comment faire pour insuffler à nouveau l’amour de la patrie, retrouver un sens moral, devenir tous responsables. André VIAU, qui en tant que préfet a aussi combattu les terrorismes basques et corses, veut renforcer le maillon le plus faible en terme de résilience : le citoyen. Comment faire travailler ensemble de façon cohérente les militaires, les policiers, les sociétés privés de sécurité et l’ensemble des citoyens ? Assurément des parallèles à faire avec les managers de projets qui travaillent en matriciel et doivent motiver des personnes sur lesquelles ils n’ont aucun pouvoir hiérarchique. Nous ne sommes pas très loin des techniques de « change management » mises en œuvre pour faire adhérer des salariés à un projet d’entreprise mais avec un enjeux sociétal autrement plus important !

Nous nous sommes aussi interrogés sur la confiance. Confiance dans les forces de l’ordre et l’utilisation raisonnable de la violence lors des contrôles et interpellations. Confiance dans les sociétés de sécurités, en particulier celles intervenant dans les zones sécurités des aéroports, donc chaque salarié peut représenter un maillon critique. Confiance dans la façon dont l’état choisi un équilibre entre espionnage systématique de l’ensemble des citoyens et mise sous surveillance des personnes considérées comme suspectes.

Le numérique est incontournable dans la lutte contre le terrorisme, même s’il est sous utilisé : comment se fait-il que l’on ne dispose pas de logiciel de reconnaissance des visages dans tous les aéroports, qu’un terroriste puisse prendre l’avion avec une fausse carte d’identité achetée pour quelques centaines d’euros. Mais le numérique n’est pas infaillible : le général PARRAIRE fait sourire la salle quand il raconte comment son fils adolescent a pu fabriquer pour 20 euros une carte copiant le signal des cartes officielles d’accès à la terrasse de son immeuble. Le numérique inquiète aussi par son aspect big brother et l’on revient alors sur la notion de confiance.

 

L’éthique et le numérique

collège des bernardins

Le collège des Bernardins accueillait le colloque « Ethique et Numérique » avec différents intervenants de l’INRIA, du CERNA et de leurs réseaux respectifs.

 

gilles dowek axiologie éthique et numérique

Pour le numérique, Gilles DOWEK propose une notion originale d’éthique lowcost. Quelles règles d’éthique appliquer dans nos nombreux usages quotidiens des outils numériques, qui ne peuvent pas donner lieu à des réflexions aussi poussées que celles autour des projets de recherche ou des grands enjeux de notre société.

Avec Nachum DERSHOWITZ nous avons passé en revue les fameuses loi du robot d’Asimov, y compris la loi 0 à laquelle cet auteur de science fiction n’avait pas pensé :Un robot ne peut porter atteinte à l’humanité ni, restant passif, laisser l’humanité exposée au danger. Comment nos robots doivent ils appliquer cette loi 0 compte tenu de l’attitude actuelle des présidents de la première puissance mondiale et de cette petite nation du continent asiatique qui fait tant de bruit ?

La notion de confiance irrigue évidemment toutes les réflexions sur l’évolution du numérique. Confiance dans la façon dont sont protégées les données personnelles,dans les règles de préparation des outils de demain. Pour permettre une réelle confiance, les algorithmes, si complexes soient-ils, ne doivent ils pas être capables d’expliquer de façon transparente chacun de leur choix ? Ce n’est manifestement pas le cas lorsqu’on l’on songe à certains algorithmes comme APB qui a fabriqué tant de déceptions non explicables.

éthique numérique chez facebookAntoine BORDES, qui dirige le laboratoire parisien de Facebook pour la recherche sur l’intelligence artificielle a pris le temps de nous montrer des exemples concrets d’IA dans ses 4 grands domaines d’application : perception, compréhension, prédiction et planification. Des exemples d’autant plus intéressants que nous avons eu droit à des succès mais aussi des contre exemples. Nous avons découvert les valeurs partagées sur lesquelles le management des laboratoires facebook s’appuient pour laisser une très grande liberté à chaque chercheur. La boucle de gouvernance sur les projets de recherche inclut très vite des parties prenantes externes, ce qui n’est pas sans rappeler la RSE…

 

Les 10 ans de Lucie, le label RSE

Jeudi 21 c’était dans les locaux du CNAM que le label LUCIE a choisi de fêter ses 10 ans.

Modernisation du site web, outil de partage des bonnes pratiques, base de données permettant de prévoir la rentabilité des actions RSE : le numérique était très présent pendant la matinée. Sans oublier l’outil Diag26000, installé sur la première marche de la démarche Lucie, qui a déjà permis de réaliser 5.600+ diagnostics RSE.

La table ronde de l’après midi s’est rapprochée des notions de management et confiance. Comment pousser les entreprises à se lancer en RSE (hard law ou autres incitations?) mais aussi comment inciter tous les salariés à s’impliquer. Les dirigeants membres du CJD semblent en avance sur ce point. Chiara SAMMARTINO rappelle qu’une commission réfléchit en permanence sur les nouvelles modèles économiques et cite plusieurs exemples de transformations réussies. Les outils numériques accessible par les non initiés, comme Diag26000, devrait aider les managers à pousser un maximum de collaborateurs à participer. Pierre Yves SANCHIS nous alerte sur le fait que le baromètre e rse semble mettre en évidence une dégradation dans la confiance que les consommateurs accordent aux entreprises.

 

Merci d’avoir pris le temps de lire ce long post jusqu’au bout ! N’oubliez pas que vous pouvez aussi faire votre propre diagnostic couvrant les dimensions Confiance et Digital : évaluer le management dans votre organisation

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